Êtes-vous en burn-out ?
Trois symptômes à connaître,
Trois conseils à suivre.
par Sophie LEVY le 22 01 2014
Près
de 3 millions de salariés seraient au bord du burn-out en France. Pour
apprendre à détecter cet épuisement professionnel et trouver des
solutions, Patrick Mesters, directeur de l'Institut européen pour
l'intervention et la recherche sur le burn-out, vous livre ses conseils.
Littéralement,
"burn-out" signifie "se consumer". Et c'est bien de cela qu'il s'agit :
un mal qui résulte d'un processus lent et insidieux. En France, près de 3 millions de salariés seraient au bord du burn-out, selon une étude du cabinet Technologia.
Patrick
Mesters a été psychiatre et manager dans des services de recherche et
développement du secteur pharmaceutique avant de fonder l'EIIRBO,
l'Institut européen pour l'intervention et la recherche sur le
burn-out, en 2005. Il est également l'auteur avec Suzanne Peters du
livre Vaincre l'épuisement professionnel. Patrick Mesters
livre aux internautes de MYTF1News ses conseils pour reconnaître
l'épuisement professionnel et savoir y réagir.
Comment détecter un burn-out : les trois symptômes
• Un épuisement physique, intellectuel et émotionnel
Lorsque
le burn-out est proche, l'épuisement est physique avec une fatigue
extrême et de multiples douleurs qui apparaissent sans qu'elles puissent
être diagnostiquées. "On constate surtout des troubles
squeletto-musculaires, c'est-à-dire des douleurs aux articulations et
aux membres au niveau musculaire, proches de l'état grippal", précise
Patrick Mesters.
L'épuisement
intellectuel se traduit par des troubles de la mémoire et de la
concentration. "Parfois même une désorientation spatiale, les gens se
trompent de route ", ajoute le psychiatre. Les personnes surmenées
tombent également dans la procrastination, une tendance à tout remettre à
plus tard.
Enfin, l'épuisement émotionnel se
reconnaît quand le sujet présente des variations d'humeur. Lorsqu'il
entre en phase aigüe, il peut même se montrer incapable d'exercer son
métier. Patrick Mesters a déjà connu des cas extrêmes : "Des gens qui
créent des programmes informatiques ne savent plus utiliser
l'ordinateur. A un moment, il n'y a plus de pilote dans l'avion."
De plus, tous ces signes d'épuisement ne disparaissent pas, même après le repos du week-end ou des vacances.
• Une déshumanisation
Les
travailleurs menacés par le burn-out ont tendance à subir une perte
d'empathie, à devenir cynique, agressif ou hypersensible. Par exemple,
"c'est l'infirmière qui crie sur le patient, le professeur qui s'emporte
face à un élève", explique Patrick Mesters.
• Une perte du sens de la réalisation professionnelle
"Je
n'ai pas l'impression de me réaliser professionnellement". C'est ce que
se dit une personne qui est en train de perdre toute satisfaction alors
qu'elle adorait son métier. Ce genre de pensée entraîne une perte de
confiance en soi. "Généralement, ce sont pourtant de grands experts,
d'excellents éléments de l'entreprise", rappelle Patrick Mesters.
Plusieurs de ces symptômes doivent être réunis pour déclarer qu'une personne est en burn-out. L'institut propose sur son site un test en 20 questions.
Toutefois, cet examen est uniquement indicatif. Le diagnostic doit
obligatoirement être établi par un médecin, seul à même d'exclure
d'autres maladies qui pourraient être à l'origine des symptômes.
Comment réagir face à un burn-out : les trois conseils
• En prévention : faire attention à soi
Le
plus important pour éviter le burn-out est de s'écouter, apprendre à
connaître ses limites et les accepter. Et savoir dire non. "Il faut
aussi faire attention à son hygiène de vie, son alimentation, bouger",
conseille Patrick Mesters. Garder le contact avec son entourage permet
de lutter contre l'épuisement émotionnel. Enfin, "les gens rapportent
que la vie spirituelle au sens large les aide à tenir dans un
environnement agressif. Il faut respecter ses valeurs", ajoute le
psychiatre.
• Pendant le burn-out : se faire aider
Si
le travailleur connaît une phase aigüe, la difficulté est d'abord de le
reconnaître. "Les personnes sont dans le déni, ce sont souvent les
proches qui détectent le problème", commente Patrick Mesters. La
meilleure chose à faire est alors d'aller consulter son médecin de
famille. "Il est le chef d'orchestre, il connait bien la santé de son
patient". Le médecin pourra en effet réaliser un check-up afin de
vérifier qu'il ne s'agisse pas plutôt d'un problème cardiaque ou
digestif qui emprunte parfois les traits du burn-out.
Si l'épuisement professionnel est avéré, commence alors un travail avec un psychologue comportementaliste. "Il va aider à travailler sur le comment : comment gérer mon stress,
comment dire non et me protéger, comment gérer mon temps...", détaille
Patrick Mesters. Les professionnels de santé décideront également si la
personne a besoin d'un arrêt de travail.
• Après le burn-out : se faire coacher
Suite
au travail avec le psychologue, il est conseillé de se tourner vers des
coachs afin de préparer son retour dans le monde de l'entreprise et
éviter un nouveau burn-out. Maintenant qu'on a agi sur la vie
personnelle, il faut appliquer ce que l'on a appris à la vie
professionnelle. "Le coach doit avoir de l'expérience en entreprise et
dans le domaine du burn-out", insiste Patrick Mesters.
Si
la personne surmenée est manager, il pourra lui apprendre à mieux gérer
son temps et ses équipes. Si la personne est employée, il l'aidera à
mieux appréhender sa relation avec la hiérarchie pour ne pas aller
au-delà de ses limites.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire