Allen & Co
la discrète petite banque conseil de Facebook ?
Mais il est des bénéficiaires moins directs de
l'acquisition de WhatsApp par le réseau social de Mark Zuckerberg. A
savoir les banques d'affaires qui ont conseillé chacun des protagonistes
d'une opération qui est celle de tous les superlatifs. Il
s'agit en effet de la cinquième transaction la plus importante de tous
les temps dans le secteur des nouvelles technologies, et du septième
"méga-deal" (supérieur à 10 milliards de dollars) annoncé depuis le
début de l'année, d'après Thomson Reuters.
Allen & Co dans le "top 10" des banques d'affaires mondiales
Dans ces conditions, pas étonnant que les deux
banques-conseil qui ont travaillé sur cette opération s'apprêtent
chacune à empocher entre 32 millions et 45 millions de dollars de
commissions. Mais qui sont-elles, ces deux heureuses élues ? Il y a
d'abord la célèbre banque d'investissement américaine Morgan Stanley,
qui a planché sur l'opération au côté de WhatsApp. On pourrait donc
imaginer qu'un autre grand nom de Wall Street, comme Goldman Sachs ou
JPMorgan, a épaulé le premier réseau social du monde.
Il n'en est rien. Facebook, pour la plus importante
acquisition de sa jeune histoire, s'est attaché les services d'Allen
& Co. Cette dernière, qui avait déjà accompagné le réseau social
dans le cadre de son introduction en Bourse, en 2012, se voit ainsi
bombardée dans le "top 10" des principales banques d'affaires mondiales,
tant d'après le classement réalisé par Thomson Reuters que selon le
palmarès élaboré par Dealogic.
Une entreprise familiale fondée en 1922
Allen & Co ? Le nom ne dit pas grand-chose, voire rien
du tout, à l'inverse d'un Goldman Sachs ou d'un JPMorgan. Les dirigeants
d'Allen & Co ne risquent pas de s'offusquer de cette ignorance, eux
qui ont fait de la discrétion, de l'absence de publicité et de
médiatisation leur religion. Inutile, d'ailleurs, de chercher le site
Internet d'Allen & Co : la banque n'en possède pas, bien qu'elle se
soit spécialisée dans les secteurs des médias et du divertissement, au
fil des ans. Au fil des ans car cette petite banque d'affaires - appelée
"boutiqueé dans le jargon financier - est tout sauf une nouvelle venue.
Allen & Co est en réalité une respectable vieille dame de 92 ans,
sise au numéro 711 de la très chic 5ème avenue de New York.
C'est en effet en 1922 que les trois frères Allen - Charles
Robert, Harold et Herbert - créent la banque qui portera leur nom.
Aujourd'hui encore, c'est un Allen - et, qui plus est, un Herbert,
petit-fils du premier - qui se trouve aux commandes de l'établissement.
Demeurer une entreprise familiale relève de l'exploit, dans le secteur
très concurrentiel de la banque d'affaires, qui a connu moult
rapprochements depuis le siècle dernier. Sa (discrète) réussite, Allen
& Co la doit à son patient tissage de relations très étroites, de
longue durée, avec les dirigeants d'entreprises, ce qui lui permet de
fidéliser ses clients, de travailler avec eux sur la longueur. Les
transactions "one-shot", très peu pour la banque.
La "Sun Valley conferenceé, le grand raout annuel d'Allen & Co
Ces relations avec les grands patrons se nouent, notamment, dans le cadre de la "Sun Valley conference", le grand raout annuel qu'Allen & Co organise chaque été depuis
1982 dans l'état de l'Idaho. C'est la seule concession faite par la
banque à son culte de la discrétion, cet événement lui permettant de
réunir tout le gratin de la finance, des technologies et des médias
avec, à la clé, de possibles mandats de fusions et acquisitions.
S'y sont justement pressés l'an dernier Mark Zuckerberg, Dick Costolo, le directeur général de Twitter (sur l'introduction en Bourse duquel Allen & Co a travaillé), James Murdoch, le plus jeune fils du magnat des médias Rupert Murdoch, ou encore Eric Schmidt, président exécutif de Google.
Des collaborateurs anciens basketteurs ou sénateurs
Le cas du moteur de recherche constitue précisément l'un
des exemples les plus emblématiques du fonctionnement d'Allen & Co.
Nancy Peretsman, l'une des collaboratrices de la banque, a profité de sa
rencontre avec Eric Schmidt à l'université de Princeton pour bâtir, pas
à pas, une relation de confiance avec le futur dirigeant de Google.
Résultat, Allen & Co a fait partie, au côté de poids lourds comme
Morgan Stanley, des banques retenues par le moteur de recherche pour son
introduction en Bourse, qui fut l'événement de l'année 2004 sur les
marchés financiers.
Des collaborateurs dotés d'un carnet d'adresses aussi
fourni que celui de Nancy Peretsman, la banque en compte bien d'autres,
puisqu'il s'agit là de la clé de son succès. Dans ses rangs figurent
ainsi Donald Keough, ancien président de Coca-Cola, George Tenet, qui
fut l'un des patrons de la CIA, ou encore l'ancien joueur de basket et
ex-sénateur Bill Bradley. C'est dire s'il est difficile d'être recruté
par Allen & Co. Surtout que les collaborateurs de la banque restent
en poste durant 15 ans, en moyenne. Une originalité supplémentaire
d'Allen & Co, la plupart des banques d'affaires affichant un
turn-over assez élevé
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire