mardi 22 décembre 2015

INGÉNIERIE : LE LYONNAIS EKIUM ACQUIERT UNE SOCIÉTÉ BASÉE À L'ILE MAURICE


Philippe Lanoir, Pdg d'Ekium

Le Lyonnais Ekium est en train de devenir un acteur important du secteur de l'ingénierie.
Cette société spécialisée dans l’ingénierie industrielle et l’intégration vient de faire l’acquisition de Consultec, une société du même secteur implantée à l’Ile Maurice.
Le groupe présidé par Philippe Lanoir compte désormais près de 700 salariés pour un chiffre d'affaires de 62 millions d'euros en 2014, en hausse de 15 %. Il a embauché cette année pas moins d'une centaine de personnes.
Il faut savoir que Consultec était un partenaire historique d’Ekium.
Cette acquisition permet à la société lyonnaise de poursuivre sa stratégie de développement à l’international et d’enrichir ses expertises.
Elle permet de renforcer la présence d’Ekium dans les pays où Consultec est très bien implantée, en l'occurrence l'Ile Maurice, l'Afrique Subsaharienne et le Moyen-Orient, mais aussi précise la direction d'Ekium « de faire bénéficier les clients de la complémentarité des savoir-faire des deux entreprises. »
Spécialisé en "reverse engineering"
Consultec possède une expertise en inspection et certification d’installations industrielles et notamment dans les dépôts pétroliers avec des inspecteurs et notamment en « reverse engineering ». Cette discipline consiste à reconstituer les plans d’un bâtiment ou d’un site industriel, notamment en 3D quand ils ont disparus ou qu’ils deviennent incomplets suite à de nombreuses modifications.
Elle intéresse les industriels quand ils veulent modifier leurs installations, démonter et remonter une usine à l’identique mais également de nombreux acteurs du bâtiment.
Aux Etats-Unis, par exemple, ces derniers sont obligés d’avoir des maquettes virtuelles en 3D pour permettre aux unités d’élite d’intervenir en cas de prise d’otages...
Créée en 2004 par Dominique Béchard, Consultec travaille avec de grands groupes industriels (pétrole, agroalimentaire, environnement, énergie) et affiche notamment pour références la maîtrise d’œuvre d’un terminal de mélange pour la cimenterie Lafarge à Port Louis, la capitale de l'Ile Maurice ; ou l'étude et l'installation générale de la cogénération de la Compagnie Sucrière Sénégalaise.
Les trente-huit collaborateurs de Consultec resteront basés à l’Ile Maurice sous la direction de leur actuel patron, Dominique Bechard.






Dominique Béchard porte l’ingénierie au sommet


ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN | 1 OCTOBRE, 2012 - 20:06

Impressionnant. C’est le mot qui définit le mieux la première rencontre avec Dominique Béchard, directeur général de Consultec. Bien sûr, son mètre 97 y est pour beaucoup, mais c’est surtout son parcours de vie qui impressionne. Cet ingénieur de formation a participé aux Jeux olympiques de LosAngeles en 1984. À 21 ans et diplômé du collège Saint Joseph, il défend crânement le quadricolore au lancer du marteau et du disque. Et il remporte, l’année suivante, trois médailles d’or aux Jeux de l’océan Indien. «! Je garde de ces moments cette envie de toujours me dépasser.!» Il entame ensuite des études d’ingénierie à l’université Paul Sabatier, à Toulouse. Fraîchement diplômé, il rentre à Maurice où il intègre, comme ingénieur de projet, Forges Tardieu. Il y reste cinq ans. Puis il devient manager de la filiale ingénierie d’IBL.

En 2005, il réalise le grand saut et crée sa propre entreprise!: Consultec. Il investit en fonds propres 500 000 roupies (13 000 eu - ros). «!Je suis passé de manager, celui qui fait faire, à entrepreneur qui doit vendre ses compétences.!» Ilprospecte rapidement des clients à l’étranger... Mais le vrai tournant survient en 2007 lorsqu’il fait l’acquisition d’une entreprise présente à la fois à Maurice et en France. Il bénéficie alors de son portefeuillede clients et de son expertise. Consultecédifi e rapidement son réseau.D’autant mieux que le jeunepatron va au culot démarcher desclients. «! Je me revoie, avec ma valise, frapper au siège d’Airbus et proposer mes services.! » L’entreprise offre une gamme complète deservices aux entreprises souhaitant externaliser tout ou partie de leurs travaux d’ingénierie. Basée à Maurice, elle ouvre un bureau à Paris, noue un partenariat en Afrique du Sud et, tout récemment, crée sa structure en Inde. Consultec compte aujourd’hui 35 salariés. Elle collabore avec des entreprises locales et régionales et, bien au-delà, avec EDF, Eurocopter, Adidas, Alstom et Total. La crise des «! subprimes! » de 2008 frappe durement les secteurs automobile et aéronautique pour lesquels Consultec travaille.
Dominique Béchard décide alorsde se spécialiser dans une nichetechnologique de pointe : la rétroconception(ou ingénierie inversée).Il s’agit de passer un espace ou unbâtiment au scanner tridimensionnel.Les données recueillies parl’appareil sont alors transforméesen un nuage de points. Puis cescoordonnées sont retraitées parl’équipe de Consultec pour modélisationen 3D.!Les applications serévèlent infi nies. Par exemple, lorsd’une relocalisation physique d’uneusine. «!Nous avons contribué auremontage d’une sucrerie d’Espagneen Égypte!», explique DominiqueBéchard. Pour répondre à cettedemande, il investit 5,7 millions deroupies (150 000 euros) dans deséquipements (scanner 3D) et dansla formation de son personnel. Etil se spécialise dans l’industrie etle bâtiment. Aujourd’hui, la rétro conception représente le coeur demétier de Consultec et 70% à 75% de son activité se réalise à l’étranger, dans des pays aussi différents que le Sénégal, la France et l’Algérie. Le chiffre d’affaires explose à partir de 2007, passant de 17 millionsde roupies (443 000 euros) à 72 millions de roupies (1,8 milliond’euros) en 2010.
Dominique Béchard multiplieaussi les joint-ventures, comme celui initié avec la société indienne Shiva Engineering ou encore avec une société saoudienne pour pénétrer l’industrie pétrolière. Aujourd’hui, Consultec se situeà la croisée des chemins. « Tel unperchiste, il nous faut passer cettebarre psychologique! pour resterdans le haut niveau. Pour nous, la difficulté consiste à financer notrecroissance », affirme ce père de deux jeunes enfants.
Progression: Créée en 2005 avec un capital initial de 500 000 roupies, Consultec a vu ses profits grimper ces cinq dernièresannées pour atteindre 11,8millions de roupies (287 650euros) en 2010.
Innovation: Consultec est l’une des rares entreprises de la région spécialiste de la rétro-conception. Elle a sucréer sa propre expertise et sapropre méthodologie.
Dynamismeà l’extérieur: 70% à 75% de l’activité de l’entreprise se réalise à l’étranger, du Sénégal auxÉtats-Unis en passant par l’Inde, la France et l’Algérie.
Engagement citoyen: L’entreprise reverse 100% de sa contribution CSR (CorporateSocial Responsability – 2% du bénéfice net) au Service diocésain d’éducation technique (SEDET), l’instance deformation technique du diocèsede Port-Louis. Et 10% des bénéfices sont partagés entre tous les salariés de l’entreprise.

Questions à Dominique Béchard, du Consultec Group (ingénierie) : « … Viser l’impossible ! »
Du haut de son 1 m 97, cet ancien défenseur de notre quadricolore au lancer du marteau et du disque sur la scène sportive internationale a une vision « humaniste » de l’entreprise. Il dit privilégier le parcours au podium de la victoire et nous exhorte à dépasser nos peurs et à viser l’impossible.
Comment passe-t-on de l’athlétisme de haut niveau à la direction d’une entreprise ?

Comme me le disait mon ami Stephan Buckland, il faut viser l’impossible. C’est pour cela qu’on devient athlète de haut niveau ; c’est pour cela qu’on devient chef d’entreprise. L’homme se fixe ses propres limites... Chacun d’entre nous doit vouloir dépasser ses propres limites...
Si vous êtes le lauréat de l’AfrAsia Tecoma Award 2012, pour laquelle de vos qualités aimeriez-vous qu’on vous célèbre ?

Je pense avoir deux qualités primordiales : l’énergie et surtout, le courage. Être entrepreneur c’est faire preuve tous les jours de courage... L’entrepreneur vit la trouille au ventre...
Il s’agit donc de déplacer cette peur et de faire reculer nos limites le plus loin possible. Cela demande énormément de courage...
J’aime citer cette phrase de Sœur Emmanuel : « La vie est un risque. Si l’on n’a jamais pris de risque dans sa vie, l’on n’a pas vécu. » Elle nous demande de repousser nos limites, de surmonter notre peur. Elle veut aussi nous dire que le résultat n’est qu’une conséquence du travail bien fait et qu’il y a énormément plus d’enseignements dans le parcours de quelqu’un, qu’il soit entrepreneur ou athlète de haut niveau. Car nous rencontrons tous les jours des victoires ou des échecs et ils sont tous deux riches en enseignements.
Pour moi, le parcours est beaucoup plus intéressant que le podium.
Vous vous spécialisez dans la “retro-engineering”. C’est quoi exactement ?

Souvent des gens rentrent dans une maison, par exemple, pour découvrir, quand ils veulent faire des travaux, qu’il n’y a pas de plan. Notre métier à nous, c’est de partir de ce qui existe déjà pour refaire des plans techniques...
Quelles sont les applications de cette technologie ?

Elles sont multiples. Dans l’industrie, par exemple, cela permet de démonter une usine et de la remonter ailleurs. Comment la remonter quand on n’a pas de plan ?
Autre exemple : aujourd’hui aux États-Unis, tous les bâtiments publics ont l’obligation d’avoir des maquettes virtuelles en trois dimensions (3D) de leurs diverses installations. Pourquoi ? Pour permettre à des unités de commandos d’élite d’intervenir en cas d’une prise d’otage. Comme dans les films. On est déjà dans ce monde-là.
Pour beaucoup d’entrepreneurs mauriciens, notre insularité est un obstacle. Vous semblez en avoir fait une force. Comment avez-vous fait ?

Je n’ai pas eu de choix... Mon business model c’est de vendre des services à forte valeur ajoutée sur un marché où les prix sont beaucoup plus hauts pour nous...
Par conséquent c’est tout simplement une réflexion logique : nous avons à Maurice des coûts de production beaucoup plus faible qu’en Europe par exemple... Cela nous permet d’être compétitifs.
Notre insularité, je n’en ai pas fait une force véritablement. En réalité, cela a même été un gros handicap... Mais en surmontant notre peur, en prenant des risques calculés et en tentant l’impossible, nous avons fini par trouver des solutions... Cela aurait été beaucoup plus simple d’être basé en Europe, où se trouve notre marché et de m’expatrier pour produire à Maurice... Vous pouvez être très bon techniquement, mais quand vous n’arrivez pas à vendre, cela ne sert à rien.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut lancer son propre business ?

De dépasser sa peur, mais surtout de s’encadrer et se former. Il ne faut toutefois pas être inconscient des risques, tout en les surmontant. Il ne faut surtout pas prétendre tout connaître ; il faut s’encadrer de gens qui savent. Se former avant de se lancer est primordial... Il faut un minimum de bagage, être entouré de gens compétents et ensuite ne pas avoir peur de viser la lune...



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