L’ingénierie marocaine passe aux pratiques internationales
Édition N° 4215 du 2014/02/18
Accompagnement salutaire pour l'ingénierie marocaine. De nombreux
outils destinés à renforcer les performances locales viennent, en effet,
d'être présentés, lors de la 6e journée de l'ingénierie organisée à
Rabat par la FMCI (Fédération marocaine du conseil et de l'ingénierie), à
un parterre venu en nombre. Plus de 300 participants s'y sont rendus,
dont des sociétés d’ingénierie locales, des représentants de maîtres
d’ouvrage publics et privés ainsi que des bailleurs de fonds
internationaux, et aussi des responsables du gouvernement porteurs de
message. «Il faut que l'ingénierie marocaine continue à se rapprocher
des politiques pour leur permettre de prendre les bonnes décisions»,
indique Hakima El Haite, ministre déléguée auprès du ministre de
l’Energie, chargée de l’environnement. Et pour ce faire, Redouane
Belarbi, SG du ministère de l’Equipement, invite les professionnels à se
déployer davantage à l’international, ce qui leur permettrait
d'améliorer les compétences des bureaux d’études locaux, notamment en se
familiarisant avec les outils et procédés appliqués par l’ingénierie
étrangère. Pleins feux ainsi autour de trois outils qui vont permettre
aux donneurs d’ordre et aux sociétés d’ingénierie d’améliorer leurs
processus de conduite et de réalisation des projets d’ingénierie,
explique Moncef Ziani, président de la FMCI. Il s'agit principalement
d'améliorations portant sur les contrats Fidic (voir encadré), relatifs
en particulier aux prestations d’ingénierie, aux travaux de construction
ou encore aux marchés clés en main. «Ces modèles de contrats, de plus
en plus utilisés à l’échelle internationale par de grandes institutions
de financement, sont réputés être complets avec des clauses équilibrées
entre l’investisseur et le prestataire», explique François Baillon,
directeur commercial de la Fidic (Fédération internationale des
ingénieurs conseils). «Il est temps de professionnaliser les cahiers des
charges des intervenants de l’ingénierie, et ce par l’adoption des
contrats Fidic ou tout au moins leurs principales clauses», précise
Ziani. Ce qui va permettre, selon lui, «de clarifier les missions des
bureaux d’études, les responsabilités des intervenants et éviter ainsi
de nombreux conflits qui naissent à cause des omissions, des
imprécisions, voire des contradictions que comportent certains CPS de
maîtres d’ouvrages».
Le second outil qui pourrait également rendre service à la profession
concerne le guide des honoraires de l’ingénierie marocaine, élaboré par
la FMCI. Il est mis à la disposition des opérateurs du secteur pour
évaluer correctement leurs honoraires et à la disposition des donneurs
d’ordre publics et privés pour établir leurs budgets relatifs aux études
de leurs projets et au suivi de leur construction. Ziani a ainsi invité
«les membres de sa fédération pour une bonne application de ce guide et
les maîtres d’ouvrages à lutter contre le dumping de certains cabinets
marocains et même étrangers». Le dernier outil présenté lors de cette
journée concerne le carnet de bord du développement durable CBDD. C’est
un dispositif développé par l’EFCA (Fédération européenne de
l’ingénierie), Syntec Ingénierie de France et la FMCI. Cet outil permet
un suivi des performances d’un projet en matière de développement
durable durant toute sa vie. La FMCI est actuellement en pourparlers
avec de grands donneurs d’ordre pour identifier des projets pilotes où
le CBDD sera mis en œuvre.
LES contrats Fidic sont des modèles de convention qui font référence
dans les domaines de la conception et de la construction des grands
projets internationaux. Ces contrats définissent les droits et
obligations qui lient le maître d’ouvrage, «l’ingénieur» et
l’entreprise. Ils sont issus de la réflexion et du travail de
spécialistes de l’ingénierie et du droit mais aussi des entreprises,
maîtres d’ouvrage ou investisseurs. C’est pourquoi de grandes
institutions financières comme la Banque mondiale recommandent leur
utilisation. Les conditions générales prévoient un mode original de
règlement des litiges: l’adjudication. Lorsqu’une partie conteste la
décision de l’autre et qu’elles ne parviennent pas à trouver un accord,
un ou plusieurs adjudicateurs interviennent pour trancher le litige.
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