vendredi 18 juillet 2014

Le futur des ingénieries est il à l’international ?

« Un nombre croissant d’ingénieristes perçoivent leur futur à l’international » Stéphane Aubarbier, président de Syntec-Ingénierie
Olivier Baumann - http://www.lemoniteur.fr  - le 25/06/2014

A l’occasion de l’Assemblée générale de Syntec-Ingénierie, qui se tient le 26 juin, son président Stéphane Aubarbier évoque pour lemoniteur.fr les sujets qui font l’actualité de l’ingénierie. Alors que l’activité chute en France en 2014, la dynamique du secteur est portée par l’international, où l’ingénierie française est largement reconnue et appréciée.
Le Moniteur : Comment se porte le secteur de l’ingénierie ?
Stéphane Aubarbier : Alors que notre activité était encore en progression l’année dernière, 2014 sera une année de stagnation pour notre secteur. Le chiffre d’affaires de l’ingénierie se stabilise à 40 milliards d’euros, tout comme le nombre d’emplois, qui s’établit à 350 000. Mais la réalité est contrastée car l’activité à l’international est en croissance et contrebalance une chute d’activité en France.  Nous sommes en effet confrontés sur notre territoire à un environnement économique tendu. Les investissements se rétractent, tant dans le bâtiment –où le nombre de logements neufs et d’opérations de rénovation est très éloigné des objectifs « 500 000 » fixés par le gouvernement- que dans les travaux publics, qui vont faire les frais des baisses conséquentes de budget des collectivités territoriales.  Un fait m’inquiète particulièrement : le taux de défaillance d’entreprises est en augmentation significative, ce qui est très inhabituel dans notre secteur. Les TPE en difficulté du secteur étaient jusqu’ici souvent rachetés par des sociétés de taille plus importante. Mais ces dernières, vu les sombres perspectives nationales, préfèrent aujourd’hui réaliser des acquisitions à l’étranger. J’ajoute que les pressions sociales et fiscales que nous rencontrons ne devraient pas les amener à revoir de sitôt leurs positions.

L’activité à l’international offre-t-elle pour sa part des perspectives intéressantes ?
S.A : Oui, et le message principal que je souhaite faire passer à nos adhérents (dont l’activité représente 70%  de la profession) lors de notre Assemblée générale sera le suivant : « soyez mobiles, car l’espoir est ailleurs ! ». Le bon côté du resserrement économique sur le territoire national fait qu’un nombre croissant d’ingénieries perçoivent leur futur en dehors de nos frontières. La présence de l’ingénierie française à l’international est de ce fait de plus en plus forte et, compte tenu de l’excellence de certains de ses secteurs (nucléaire, ferroviaire, environnement…) s’y vend très bien. Nous nous associons régulièrement avec les ingénieries anglo-saxonnes, avec lesquelles nous jouons la complémentarité : leur grande taille leur assure une surface financière qui leur permet de répondre à de très gros contrats et nous apportons des compétences techniques reconnues qu’ils apprécient. Au final, l’activité de nos adhérents en dehors de l’Hexagone représente 40 à 45% du chiffre d’affaires global. Evidemment, ce sont d’abord les grosses sociétés d’ingénierie qui y vont le plus volontiers et qui s’y développent le plus vite. Mais les PME, aux savoir-faire très pointus, arrivent à en tirer profit. La commission internationale de Syntec-Ingénierie est en train d’établir une cartographie de nos adhérents dans le monde. Elle devrait être prête pour le Meet.ING 2014, qui aura lieu le 23 octobre prochain au CNIT à la Défense.

Vous allez clôturer votre Assemblée générale sous la forme d’un débat avec Guillaume Pépy, président de la SNCF, sur les nouveaux enjeux du ferroviaire. Quels sont-ils ?
S.A : Les enjeux sont multiples. Tout d’abord, la bonne nouvelle est que le montant des investissements portés par SNCF/RFF ne devrait pas diminuer au cours des prochaines années. En revanche, ce sont les poids respectifs des projets neufs et des travaux de maintien ou de modernisation des installations existantes qui sont en train de changer radicalement : schématiquement, nous allons passer de 2/3 de travaux neufs et 1/3 de maintenance-renouvellement à l’inverse. Autre tendance dans le ferroviaire : entre 2013 et 2018 les proportions respectives du génie civil -jusqu’ici prégnant- et des systèmes vont également s’inverser, avec l’émergence de nouvelles technologies. Pour les ingénieristes, ces innovations ont une double implication : elles doivent être bien appréhendées par eux pour qu’ils puissent satisfaire la demande des grands maîtres d’ouvrage, mais elles impactent aussi les méthodes de travail, à l’instar de la maquette numérique (ou BIM) dans le secteur de la construction.
Enfin, la réforme ferroviaire en cours, qui crée un Gestionnaire d’infrastructure unique (GIU) par la réunion d’entités de la SNCF et RFF, pose un certain nombre de questions qui n’ont pas été encore tranchées quant à la place de l’ingénierie privée dans le futur programme ferroviaire. Ce sujet sera également traité lors du débat.

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