Graffiti et tag à Lyon : sur les traces des
Igor Gauquelin (texte)
Retracer leur histoire, un boulot d’archéologue
Si les premières bombes de peinture au plomb accrochaient bien les murs, le graff reste un art éphémère. Des débuts à Lyon, il ne reste donc rien sauf des photos (fouinez ici et là). Certains évoquent une époque sombre, avec ses gangs.
«En 1984-1985, il y avait deux crews, ils ont eu une grosse embrouille et il y a eu un mort», croit se souvenir notre membre des 2YP.
Chez les 69ers, notre contact est plus précis :
«D’un côté, il y avait des tags revendicatifs, pour Le Pen, pour l’extrême gauche, etc. C’est très vieux, ça. De l’autre côté, dans les années 1980, ça faisait du business : TGC à Vaulx, MCT à Vénissieux. Le graffiti comme on l’entend, c’est quand les deux gangs se mettent à faire des pièces hors de leur territoire pour se faire de la pub sur leurs noms. C’est à la fin des années 1980 et au début 1990. Avant l’émulation des années 2000, qui est retombée depuis.»
Rob, Soone, le temps des « caves » de Rouget de Lisle
Dans ce tableau, les membres d’un crew, le TWA, seront de toutes les époques. Le plus connu parmi eux ? Le très «old school» Robbie Rob. Un Toulousain fait aussi parler de lui : Soone, qui lancera plus tard l’entreprise Bullrot Wears. A son arrivée à Lyon, il contribue à révolutionner la pratique locale en important son style.
Dans le sillage stylistique de Soone, un crew pose d’ailleurs particulièrement son emprunte sur les murs de la ville : le SOK.
«Des cartonneurs phénoménaux, des fous furieux qui ont fait des gros chromes dans toute la ville, nous dit-on. Stylé, propre et lisible. A chaque fois, c’était balèze.»
Encore des noms ? DKR, 3BK, KMF, 2YP, etc. Début des années 1990, le mouvement échange beaucoup, notamment dans une ancienne usine de mise en bouteille à Rouget de Lisle (3e), rénovée depuis (voir des photos d’archives ici).
Il y a quelques années, longer le périphérique permettait aussi de retracer l’historique de la discipline, avant que les services publics n’effacent tout. Il reste quelques traces sur l’A43, et le Knar géant de Laurent Bonnevay, arrivé après. Pour le reste, cherchez dans les recoins.
(Cliquez sur l’image pour accéder au diaporama)
NB : cet article n’a pas vocation à inciter au vandalisme. Le graffiti reste, aux yeux de la loi, une destruction, une dégradation ou une détérioration du bien d’autrui, sévèrement réprimée (voir les articles du code pénal cités plus haut). Aujourd’hui, il n’existe pas de livre d’archives concernant le graffiti à Lyon. Mais aux dernières nouvelles, un tel projet doit arriver prochainement pour les années 1990 et 2000. Quant au pseudo «World Tour 82», il prépare actuellement un « site web d’archives sur Lyon, de Robbie Rob à Solie, concentré sur le tag, avec un archivage rue par rue de la ville ».
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