la thérapie cellulaire
Par usine nouvelle
Gaëlle Fleitour le 16 octobre 2013
Il fait partie des 44 chefs de file choisis par Arnaud Montebourg pour conduire ses 34 plans industriels. En charge des biotechs médicales, André Choulika a fait son choix : priorité à la thérapie cellulaire.
PDG de la biotech Cellectis, André Choulika a été désigné il y a quelques jours par le ministre du Redressement Productif pour prendre la tête du plan industriel portant sur les biotechs médicales. Un patron emblématique reconnu par ses pairs, qu’il défend déjà dans le cadre de son mandat de président de l’association France Biotech. "Le cabinet du ministre a demandé à l’ensemble des intervenants du secteur s’ils n’étaient pas opposés à ce que je prenne la tête de ce projet : j’ai été assez content de voir que cela n’a pas suscité de hurlements ou d’opposition générale", s’amuse-t-il. Ce qui l’a convaincu ? "L’idée de prendre des projets issus de l’industrie, et non du gouvernement, pour pouvoir conduire des plans fédérateurs sur des technologies naissantes au fort potentiel, dans lesquelles la France peut trouver sa place car elle dispose d’atouts."
Un "saut quantique" dans la façon de soigner
Pour ce pragmatique, pas question de multiplier les réunionites. Il a profité du dernier conseil d’administration de France Biotech pour arbitrer. "Sachant qu’il n’y a pas beaucoup d’argent mis sur la table et que cela doit être un projet industriel, pas une usine à gaz, nous nous sommes concentrés sur un seule thématique", confie André Choulika. Les traitements issus de la biologie de synthèse ont été écartés, au profit de la thérapie cellulaire. Un domaine émergent des biotechnologies qui constitue "un vrai saut quantique : pouvoir corriger d’emblée la cellule du patient plutôt que lui donner un traitement palliatif", estime Patrick Biecheler, associé en charge de la santé au cabinet Roland Berger. Dans lequel la France voit se structurer un centre d’excellence, avec la plateforme de production unique en Europe inaugurée en septembre par CellforCure, filiale du laboratoire pharmaceutique public LFB.
Un business plan avant Noël
Cette voie d’avenir – qui intéresserait déjà les biotechs Cellectis, Innate Pharma,Transgene ou les labos Sanofi et Servier - pourrait permettre de traiter de nombreuses pathologies, dont les cancers. "La plupart des biotechs disposent de projets à risque là-dessus : c’est un sujet bouillant dans le monde, mais qui ne dispose pas encore de produit sur le marché, affirme André Choulika. Mais nous ne voulons pas reproduire les erreurs du passé, en saupoudrant l’argent dans telle ou telle entreprise. Nous allons donc évaluer le pipeline, pour monter d’ici la fin de l’année un véritable business plan avec des points d’étape à six, douze et dix-huit mois, et financer la preuve de concept de quelques produits innovants chez le patient. Il faut montrer que la France peut produire des thérapies de rupture et se classer en chef de file, car c’est maintenant que cela se joue !"
Décrocher 100 millions d’euros
Une réunion est donc prévue en décembre avec tous les acteurs de cette industrie, et pas seulement les adhérents de France Biotech. Objectif, dresser un plan entrant dans les 100 millions d’euros, l’enveloppe qu’André Choulika s’attend à recevoir car 3,75 milliards d’euros des Investissements d’Avenir seront débloqués au total pour les 34 plans, selon Arnaud Montebourg. "J’ai reçu énormément de mails de bonne volonté, notamment de dirigeants de grandes entreprises, donc je pense que cela va bien se passer dans une première phase", estime le président de France Biotech. Les mécontentements devraient se faire entendre à l’issue des arbitrages... André Choulika s’y attend. "Cela fait partie de mon travail !"
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