http://www.usinenouvelle.com Par Elodie Vallerey - le
Cette semaine, notre série d’été nous emmène à la découverte de ces
métropoles dont le destin est lié à une entreprise industrielle... pour
le meilleur ou pour le pire. Aujourd’hui, cap sur l’Auvergne et sa
capitale Clermont-Ferrand, attachée depuis le milieu du XXe siècle au
fabricant de pneumatiques Michelin.
A chaque recoin de la ville, le "Bibendum" exhibe sa silhouette
gironde. Le gros bonhomme aux bourrelets blancs et au sourire
ostentatoire est comme une vigie dans les rues de Clermont-Ferrand
(Puy-de-Dôme). L’emblème de Michelin est partout, car le fabricant français de pneumatiques est chez lui dans la métropole auvergnate.
Aujourd’hui multinationale française à l’aura mondiale, Michelin rythme
l’économie de Clermont depuis le milieu du XXe siècle. Tout commence en
1889, quand André Michelin et son frère Édouard fondent "Michelin et
Cie", une fabrique de machines agricoles et d’articles en caoutchouc,
près de la place des Carmes, au cœur de la ville, comme le seront
beaucoup de sites de l'entreprise dans le futur.
création d'emplois, de bâtiments publics et d'infrastructures
Celle de Cataroux, située sur 55 hectares entre les centres historiques
de Clermont et de Montferrand, débute la production de pneus en 1921.
Suivront La Combaude (rechapage de pneus poids lourd), Les Gravanches
(pneus automobiles haut de gamme) et Le Brézet (direction commerciale et
logistique).
Cette implantation historique en centre-ville a bénéficié à
Clermont-Ferrand tout au long du XXe siècle, la manufacture ne cessant
d'influencer le développement de la cité grâce à la force économique
qu'elle représente. Par la création d’emplois bien sûr (avec un pic de
28 000 salariés clermontois dans le groupe en 1982), mais aussi par la
construction de nombreux bâtiments publics comme des écoles, des
crèches, un stade... et des logements pour accueillir les flux
d’employés venus de toute la région et d’ailleurs.
le siège social ancré à clermont
Entre les années 80 et 2000, les effectifs clermontois de Michelin
diminuent. C’est l’effet indésirable d’une implantation industrielle
urbaine. Avec la crise, pour gagner en compétitivité, Michelin doit
réorganiser ses usines en France, en ouvrir de plus massives à
l’étranger. Dans la capitale auvergnate, les chaînes se réduisent, les
productions se cantonnent à la petite série. La plupart des 14 000
employés clermontois actuels évoluent désormais dans les services
administratifs ou dans la R&D. Au nord de la ville, le centre de
recherche de Ladoux reste le plus important du groupe au niveau mondial
(2 500 salariés).
Car Clermont-Ferrand reste l’ADN de Michelin. Les différents
dirigeants, issus de la famille fondatrice ou du sérail, savent que
l’ancrage local fait le succès de l’entreprise. Aujourd’hui encore,
quand on se balade dans les rues de la ville, on se rend bien compte que
Clermont-Ferrand et l'empire Michelin évoluent de concert, partageant
les hauts comme les bas. Ce n’est pas pour rien si l’entreprise est la
seule multinationale française cotée au Cac 40 à ne pas avoir cédé aux
sirènes de la capitale et de son "poumon" financier qu'est La Défense.
Plus de 110 000 employés dans le monde, 67 sites de production dans 17
pays, 20 milliards d’euros de ventes nettes en 2013... et un siège
social toujours situé au coeur de Clermont-Ferrand, place des Carmes,
comme du temps d’André Michelin, en 1889.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire