Avec un chiffre d’affaires en augmentation de 5% en 2013 et un carnet de commandes plein à craquer, l’ingénieriste indépendant Ingérop se porte au mieux. Il ambitionne de croître de 50% et de doubler la part de l’international dans son activité d’ici à 2020. Yves Metz, son président perçoit des signaux positifs dans la réalisation en cours ou à venir de grands projets d’infrastructures en France, malgré le marasme économique qu’y connaît le secteur de la construction.
La crise économique que subit actuellement le secteur de la
construction ne semble pas avoir de prise sur Ingerop. Depuis janvier
2001 et sa séparation d’avec GTM, dont il était une filiale,
l’ingénieriste français connaît une croissance régulière et continue de
son activité. « En 2001, nous réalisions un peu moins de 100 millions
d’euros d’honoraires, et nous avons atteint 189 millions en 2013 », a
illustré Yves Metz, président d’Ingérop, lors d’une conférence de presse
le 8 juillet. A ce chiffre d’affaire en croissance de 5% par rapport à
2012, s’ajoutent un résultat net de 9,5 millions d’euros, en
augmentation de 16% sur un an, et un carnet de commandes plein à craquer
à 270 millions d’euros, soit 17 mois d’activité pour le groupe.
Une croissance régulière et sûre
Cette croissance sans à-coups depuis près de 15 ans (+6% en
moyenne chaque année), Yves Metz l’explique par la conjonction de
plusieurs facteurs. Tout d’abord, le capital de l’entreprise est détenu à
90% par ses cadres – les 10% restants l’étant par un fond de placement
d’entreprises. « Aucun des 300 cadres actionnaires ne détient plus de
3% du capital », précise Yves Metz, ce qui assure l’implication de
chacun et dessine un profil équilibré à même de rassurer les donneurs
d’ordres, « qui savent que les décisions sont prises par des
opérationnels ». Ensuite, le bureau d’ingénierie préfère avancer
« doucement », mais sûrement. « Nous sélectionnons avec soin les
affaires auxquelles nous répondons, et nous ne nous lançons jamais dans
une affaire si nous ne sommes pas sûrs de pouvoir la mener de manière
qualitative ».
Quatre acquisitions potentielles à venir
Un soin tout aussi important est accordé aux opérations de
croissance externe, qui sont réalisées soit pour compléter les domaines
d’expertise de l’entreprise – les infrastructures, l’eau et
l’environnement, la ville et des transports, le bâtiment, l’énergie et
les services- soit pour investir de nouvelles régions géographiques.
Après l’acquisition récente de deux sociétés -Magelis, spécialisée en
sûreté nucléaire et radioprotection, qui vient compléter l’offre de
l’entreprise en ingénierie nucléaire, et Ghisolfo, une entreprise
chilienne (voir encadré sur l’international ci-dessous) – Ingérop
envisage d’en acquérir quatre supplémentaires prochainement : deux
sociétés expertes (chaussées et structures métalliques) et deux bureaux
d’ingénierie en Allemagne et en Angleterre.
De nombreux grands projets à venir en France
En termes de répartition géographique, Ingérop réalise
encore 86% de son activité en France. Si Yves Metz reconnaît les
difficultés rencontrées sur le territoire national, notamment du fait de
la crise des financements publics, il constate néanmoins qu’il reste
encore beaucoup de grands projets d’infrastructures en France, qui
« envoient des signaux très positifs » . Et de citer le Grand Paris
Express, dont 3,5 milliards d’euros viennent d’être débloqués pour la réalisation de la partie nord-est; le tunnel Lyon –Turin, qui a récemment franchi une étape symbolique importante;
le plan de relance autoroutier et ses 3,5 milliards d’euros, qui
n’attend plus que le feu vert de Bruxelles, ou bien encore le Canal
Seine-Nord qui pourrait repartir : selon Yves Metz, VNF vient de publier
un appel à candidature pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage du
pilotage du projet, pour un montant compris entre 50 et 100 millions
d’euros !
Cependant, malgré ces grands projets nationaux, l’activité
faiblement croissante dans l’Hexagone ne permettra pas à l’ingénieriste
d’atteindre les 50% de croissance d’ici 2020 (tout en conservant une
rentabilité de 6%), objectif qu’il s’est fixé dans son nouveau projet
d’entreprise, baptisé « Ambition 2020 ». Yves Metz envisage donc de
doubler la part de l’international d’ici à 2020.
Focus
Des implantations internationales atypiques
Même s’il n’est pas aussi pessimiste que d’autres, Ingérop a
conscience que le BTP en France restera peu dynamique lors des
prochaines années. D’où son ambition affichée de doubler son chiffre
d’affaires à l’international d’ici 2020. Un objectif toutefois
raisonnable, l’ingénieriste ne réalisant pour l’instant que 14% de son
activité hors de son marché domestique. Le groupe est pourtant présent
dans plus de 60 pays, en Europe (Espagne, Suisse, Bulgarie, Pologne…),
mais aussi sur des destinations plus atypiques pour les entreprises
hexagonales (Chili, Colombie, Afrique du Sud.. .). « Nos implantations
géographiques répondent à des opportunités, mais aussi à des choix
stratégiques. Nous comptons par exemple réaliser des opérations de
rachat d’entreprises en Allemagne et en Grande-Bretagne dans le domaine
des travaux publics, car nous savons qu’il y a beaucoup à faire dans les
infrastructures outre-Rhin et qu’une filiale britannique pourrait nous
servir de base de départ pour d’autres marchés internationaux », indique
Yves Metz. Ingérop est aussi présente en Amérique latine sur le
transport urbain, grâce notamment à une filiale espagnole consacrée à
100 % à cette activité et qui a toujours travaillé à l’international.
« Nous sommes aussi très actifs dans la zone andine depuis que nous
avons repris l’entreprise chilienne Ghisolfo. Le Brésil et l’Argentine
constitueront plus des opportunités », précise le président de
l’ingénieriste. Parmi les références du groupe dans la zone, le tramway
de Medellín et deux aéroports au Pérou. Pour l’avenir, outre l’Allemagne
et le Royaume-Uni, Ingérop vise les Balkans.
Focus
Répartition du chiffre d'affaires d'ingérop par activités
Infrastructures et génie civil: 35%
Bâtiment: 30%
Transports urbains: 15%
Energie et industrie: 15%
Eau et environnement: 5%
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