« Un nombre croissant d’ingénieristes perçoivent leur futur à
l’international » Stéphane Aubarbier, président de Syntec-Ingénierie
Olivier Baumann - http://www.lemoniteur.fr - le 25/06/2014
A l’occasion de l’Assemblée
générale de Syntec-Ingénierie, qui se tient le 26 juin, son président
Stéphane Aubarbier évoque pour lemoniteur.fr les sujets qui font
l’actualité de l’ingénierie. Alors que l’activité chute en France en
2014, la dynamique du secteur est portée par l’international, où
l’ingénierie française est largement reconnue et appréciée.
Le Moniteur : Comment se porte le secteur de l’ingénierie ?
Stéphane Aubarbier : Alors que notre
activité était encore en progression l’année dernière, 2014 sera une
année de stagnation pour notre secteur. Le chiffre d’affaires de
l’ingénierie se stabilise à 40 milliards d’euros, tout comme le nombre
d’emplois, qui s’établit à 350 000. Mais la réalité est contrastée car
l’activité à l’international est en croissance et contrebalance une
chute d’activité en France. Nous sommes en effet confrontés sur notre
territoire à un environnement économique tendu. Les investissements se
rétractent, tant dans le bâtiment –où le nombre de logements neufs et
d’opérations de rénovation est très éloigné des objectifs « 500 000 »
fixés par le gouvernement- que dans les travaux publics, qui vont faire
les frais des baisses conséquentes de budget des collectivités
territoriales. Un fait m’inquiète particulièrement : le taux de
défaillance d’entreprises est en augmentation significative, ce qui est
très inhabituel dans notre secteur. Les TPE en difficulté du secteur
étaient jusqu’ici souvent rachetés par des sociétés de taille plus
importante. Mais ces dernières, vu les sombres perspectives nationales,
préfèrent aujourd’hui réaliser des acquisitions à l’étranger. J’ajoute
que les pressions sociales et fiscales que nous rencontrons ne devraient
pas les amener à revoir de sitôt leurs positions.
L’activité à l’international offre-t-elle pour sa part des perspectives intéressantes ?
S.A : Oui, et le message principal que je
souhaite faire passer à nos adhérents (dont l’activité représente 70%
de la profession) lors de notre Assemblée générale sera le suivant : « soyez mobiles, car l’espoir est ailleurs ! ».
Le bon côté du resserrement économique sur le territoire national fait
qu’un nombre croissant d’ingénieries perçoivent leur futur en dehors de
nos frontières. La présence de l’ingénierie française à l’international
est de ce fait de plus en plus forte et, compte tenu de l’excellence de
certains de ses secteurs (nucléaire, ferroviaire, environnement…) s’y
vend très bien. Nous nous associons régulièrement avec les ingénieries
anglo-saxonnes, avec lesquelles nous jouons la complémentarité : leur
grande taille leur assure une surface financière qui leur permet de
répondre à de très gros contrats et nous apportons des compétences
techniques reconnues qu’ils apprécient. Au final, l’activité de nos
adhérents en dehors de l’Hexagone représente 40 à 45% du chiffre
d’affaires global. Evidemment, ce sont d’abord les grosses sociétés
d’ingénierie qui y vont le plus volontiers et qui s’y développent le
plus vite. Mais les PME, aux savoir-faire très pointus, arrivent à en
tirer profit. La commission internationale de Syntec-Ingénierie est en
train d’établir une cartographie de nos adhérents dans le monde. Elle
devrait être prête pour le Meet.ING 2014, qui aura lieu le 23 octobre
prochain au CNIT à la Défense.
Vous allez clôturer votre Assemblée générale sous la
forme d’un débat avec Guillaume Pépy, président de la SNCF, sur les
nouveaux enjeux du ferroviaire. Quels sont-ils ?
S.A : Les enjeux sont multiples. Tout
d’abord, la bonne nouvelle est que le montant des investissements portés
par SNCF/RFF ne devrait pas diminuer au cours des prochaines années. En
revanche, ce sont les poids respectifs des projets neufs et des travaux
de maintien ou de modernisation des installations existantes qui sont
en train de changer radicalement : schématiquement, nous allons passer
de 2/3 de travaux neufs et 1/3 de maintenance-renouvellement à
l’inverse. Autre tendance dans le ferroviaire : entre 2013 et 2018 les
proportions respectives du génie civil -jusqu’ici prégnant- et des
systèmes vont également s’inverser, avec l’émergence de nouvelles
technologies. Pour les ingénieristes, ces innovations ont une double
implication : elles doivent être bien appréhendées par eux pour qu’ils
puissent satisfaire la demande des grands maîtres d’ouvrage, mais elles
impactent aussi les méthodes de travail, à l’instar de la maquette
numérique (ou BIM) dans le secteur de la construction.
Enfin, la réforme ferroviaire en cours, qui crée un
Gestionnaire d’infrastructure unique (GIU) par la réunion d’entités de
la SNCF et RFF, pose un certain nombre de questions qui n’ont pas été
encore tranchées quant à la place de l’ingénierie privée dans le futur
programme ferroviaire. Ce sujet sera également traité lors du débat.
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