mardi 13 août 2013

Blackberry change de cap et envisage désormais une cession. Chronique d’une dégringolade. Les echos 13/08 Par Solveig Godeluck

Les Echos Blackberry change de cap et envisage désormais une cession
 Par Solveig Godeluck | 13/08

Le conseil d’administration crée un comité spécial pour explorer les alternatives stratégiques. Le canadien perd de l’argent, des parts de marché, et sa base installée s’effrite. BlackBerry, pionnier des smartphones, a créé un comité spécial pour réfléchir à son avenir En 2012, Blackberry avait recruté JP Morgan et RBC pour évaluer ses options stratégiques . Lundi, le groupe canadien est passé à la phase deux en annonçant la création d’un comité spécial au sein du conseil d’administration. Il doit « explorer les alternatives stratégiques en vue d’accroître la valeur et de changer d’échelle pour accélérer le déploiement de Blackberry 10 ». Il est présidé par Timothy Dattels, du fonds d’investissement TPG, et compte quatre autres membres du conseil d’administration, dont le Pdg Thorsten Heins. Jusqu’à présent, la priorité officielle du fabricant de smartphones était le redressement opérationnel, avec une amélioration de la trésorerie et un retour en grâce du système d’exploitation Blackberry auprès du public. Désormais, le groupe vise la transformation capitalistique. Il évoque « entre autres, d’éventuelles co-entreprises, des alliances ou partenariats stratégiques, une vente de l’entreprise ou autres transactions ». La cession n’est plus un tabou. La cession totale de Blackberry n’est donc plus un tabou. Auparavant, Thorsten Heins avait répété que l’entreprise n’était pas à vendre et cherchait uniquement des « opportunités » pour mieux exploiter sa technologie, via des partenariats, la délivrance de licences, etc. La semaine dernière, Reuters avait évoqué une sortie de la cote. De nombreux repreneurs éventuels ont été cités dans la presse, de Silver Lake, le fonds qui bataille pour Dell, à Microsoft ou Lenovo, en passant par Facebook et Google. Parmi les acteurs de la tech, tout le monde cherche à se renforcer dans le mobile. Mais le temps n’est plus ou Research in Motion (l’ancien nom de la société de Waterloo dans l’Ontario) dictait sa loi au marché américain et au-delà. Sa capitalisation boursière a fondu : Blackberry a perdu les neuf dixièmes de sa valeur en Bourse en cinq ans, depuis qu’Apple est arrivé avec l’iPhone et Google avec Android. Hier, la société valait 5,4 milliards de dollars américains, c’est-à-dire moins qu’un trimestre de bénéfices d’Apple ou de Samsung.

Fin juin, la panique s’est emparée des actionnaires qui ont fait plonger le titre de 27 % en une seule journée à la Bourse de Toronto. Après une année 2012 dans le rouge puis un trimestre positif, le canadien a renoué avec les pertes entre mars et mai. Un échec imputable au démarrage plus lent que prévu du nouveau système d’exploitation, Blackberry 10, qui est arrivé au début de l’année et qui devait sauver la maison. L’équipementier n’a écoulé entre mars et mai que 2,7 millions de modèles de nouvelle génération, les fameux Q 10 et Z 10. Désespérant. Surtout, le parc installé d’utilisateurs Blackberry se vide. Fin mai, le canadien n’avait plus que 72 millions d’adeptes à travers le monde : 3 à 4 millions de clients disparaissent tous les trois mois . Par conséquent, la valeur du réseau et des serveurs Blackberry diminue. Les développeurs sont également moins incités à produire des applications qui enrichiront cet écosystème, alors que le fossé s’est déjà creusé avec l’Appstore d’Apple et Google Play. L’Internet mobile est une course pour la survie, et Blackberry n’est plus assez rapide. 

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