samedi 17 août 2013

Nestlé France ressuscite l'ancienne chocolaterie MENIER de 1825. Bravo !!!!!

 
Nestlé France ressuscite une chocolaterie
Par Les Echos 18/07

A Noisiel, l'ancienne chocolaterie Menier est un site industriel d'une architecture remarquable. Reconverti en bureaux, il abrite aujourd'hui le siège social de Nestlé France.

Une grande verrière aux poutres métalliques relie deux imposants immeubles de briques rouges et blanches, un symbole de la transformation d'un complexe industriel du XIX e siècle en bureaux contemporains. La douzaine de bâtiments de la chocolaterie Menier, qui s'étendent sur 14 hectares à Noisiel dans le Val-de-Marne, est devenue le siège social français du groupe suisse Nestlé.

L'histoire de la chocolaterie Menier se confond avec celle d'une entreprise familiale, qui va croître sur trois générations. Un succès immortalisé dans la pierre par l'ensemble de bâtiments construits pour accueillir les différentes étapes de transformation du cacao, du triage des fèves à l'emballage des tablettes de chocolat. Le moulin, magnifique bâtisse et élément central du site, a longtemps été le symbole de cette puissance. Classé monument historique en 1992, il est devenu la nouvelle vitrine française du géant agroalimentaire suisse. Au début du XIX e siècle, Jean-Antoine Brutus Menier, pharmacologue dans le quartier du Marais à Paris, traite le cacao, encore considéré comme un produit de luxe aux propriétés thérapeutiques. Persuadé du potentiel commercial du produit, Menier va acquérir en 1825 un petit moulin hydraulique sur la Marne, dans la commune de Noisiel, afin d'utiliser la force de l'eau pour pulvériser ses fèves. L'idée est couronnée de succès. Jean-Antoine Brutus Menier fait agrandir le moulin, augmente sa production et abandonne progressivement la pharmacie pour se consacrer exclusivement au chocolat. En 1842, il lègue une entreprise en plein essor à son fils Emile-Justin, qui va étendre considérablement les parts de marché de l'affaire familiale.
Avec les 8.000 hectares de plantations de cacao au Nicaragua, des usines à Londres et à New York, la production décolle et passe de 4.000 tonnes en 1853 à 25.000 tonnes en 1867. Parallèlement, l'architecte Jules Saulnier est choisi pour transformer à nouveau le moulin. Achevée en 1872, la version finale est un bijou d'architecture industrielle et symbolise l'importance des Menier. Sa structure métallique apparente est une première et sa décoration, des motifs floraux réalisés par l'agencement de briques colorées, est luxueuse. Lorsqu'en 1900, l'entreprise détient plus de 50 % du marché mondial, une seconde chocolaterie est construite. A cheval sur les deux rives de la Marne, les nouveaux bâtiments, la « cathédrale » - grand ouvrage en béton armé - et les patios sont reliés par le pont Hardi, sur lequel transitent les wagonnets qui acheminent le cacao d'étape en étape. Aujourd'hui, plus de trente ans après l'arrêt de la production, les rails sont toujours incrustés dans le carrelage noir et blanc du pont, mémoire de l'activité industrielle qui animait les lieux.

Un vestige du passé réhabilité
Car les machines ont fait place aux bureaux. Après la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise Menier est à l'agonie face à la concurrence américaine. Les plans sociaux s'enchaînent au rythme des rachats, jusqu'à la reprise en 1971 par Rowntree-Mackintosh, lui-même racheté par Nestlé en 1988. Dans la transaction, le groupe suisse récupère le site de Noisiel. Ayant déplacé sa production à Dijon, Nestlé se retrouve avec une usine certes magnifique, mais déserte. Yves Barbieux, alors PDG de Nestlé France, consulte le cabinet d'architectes Reichen et Robert, spécialiste de la réhabilitation du patrimoine industriel, pour faire des travaux afin de revendre. L'architecte Jacques Lissarrague propose alors, après une étude de trois mois, une esquisse de campus d'activité. Mais il indique à Nestlé que « l'idéal, ce serait d'en faire des bureaux ».

Huit mois plus tard, l'architecte est recontacté par Nestlé. « Ils nous ont dit : "Montrez-nous que c'est possible". »  Convaincu par la seconde esquisse présentée par le cabinet, Yves Barbieux décide de regrouper les 7 filiales françaises de Nestlé dans la chocolaterie, pour en faire le siège social unique. Trois ans de travaux sont nécessaires pour un projet qui développe 60.000 m 2, dont un tiers de constructions neuves. Un coût total de 620 millions de francs, soit 100 millions d'euros. Une opération qu'Yves Barbieux jugeait « très économique » en 1995, car pour une implantation à Levallois ou à la Défense, comme cela était prévu initialement, « le même projet aurait coûté le double ». De l'accueil - une grande verrière construite entre deux bâtiments anciens - à l'atrium, bâtiment neuf ajouté par Nestlé, le verre se mêle désormais aux briques. Le moulin reste la pièce centrale de la composition ; comme posé sur la Marne, il luit sous le soleil. Au sous-sol, la salle des machines a été conservée en l'état mais les étages sont reconvertis en salles de réunion ou l'on accueille les clients.

La « cathédrale » sert d'espace de formation pour les employés. Aujourd'hui, 1.700 personnes travaillent dans ce siège social hors norme. Et plus de 15.000 personnes se pressent chaque année lors des Journées du patrimoine pour visiter ce vestige d'un passé industriel glorieux,désormais transformé en vitrine de luxe.

Paul de Coustin 

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