Je vous propose cet article que je trouve très intéressant. Si vous voulez consulter l'original et voir les autres articles proposés http://leblogdumanagementdeprojet.com
J’ai eu la chance de rencontrer le Dr Harold Kerzner, lors d’un séminaire que nous avions organisé avec PMI France Sud
et IIL France à Sophia Antipolis. Dr Kerzner est célèbre dans le monde
du management projet où ses ouvrages font référence. Comme j’ai pu le
constater de visu, il est également très ouvert et toujours enclin à
partager sa riche expérience avec les chefs de projet. Il a récemment
écrit cet article sur les erreurs à éviter pour les chefs de projet
jeunes et/ou inexpérimentés. A mon avis, ces conseils s’appliquent tout
autant aux plus âgés d’entre nous, même très expérimentés.
Vous
avez lu le Guide PMBOK® plusieurs fois, avez préparé et passé l’examen
de certification de chef de projet et vous êtes maintenant un PMP®.
Malgré tout, vous continuez à faire des erreurs. Les chefs de projet ne
sont pas infaillibles. La plupart des cours de formation en management
de projet, mêmes ceux qui se concentrent sur le Guide PMBOK®,
mettent en évidence “les meilleures pratiques généralement admises.” Ce
que l’on n’apprend pas est ce que ne doit pas faire un chef de projet.
La liste ci-dessous présente vingt des erreurs les plus communes que
font les chefs de projet jeunes ou inexpérimentés. Évidemment, il y a
plus de vingt erreurs et beaucoup d’entre elles peuvent être spécifiques
à certaines industries. Cependant, cette liste est un bon point de
départ pour comprendre pourquoi beaucoup de chefs de projet s’attirent
des ennuis à cause de leur manière de procéder.
ERREUR #1 : trop de détail
Les
chefs de projet inexpérimentés ont tendance à tomber amoureux des
structures de découpage du projet. Un chef de projet fraichement nommé
m’a demandé de passer en revue son WBS sur un projet informatique. Le
projet de trente jours avait 340 lots de travail et certains des lots de
travail étaient découpés en minutes plutôt qu’en heures ou en jours.
Alors que le chef de projet était fier de sa réalisation avec la
création "d’un WBS micro-détaillé", il a négligé d’envisager le temps et
l’effort requis par l’équipe pour manager à ce niveau de détail. Le
coût impliqué pour établir probablement 340 comptes d’affectation et les
suivre pourrait, en conséquence, facilement augmenter le coût de
support en management du projet de cinquante pour cent ou plus.
Les chefs de projet doivent établir un niveau de WBS approprié pour pouvoir le manager.
La création de WBS fortement détaillé est une invitation à
micro-manager un projet, aliénant ainsi les managers fonctionnels. La
plupart des chefs de projet ne possèdent pas aujourd’hui l’expertise
technique de créer un WBS détaillé sans aide fonctionnelle.
Imaginez-vous participant à la réunion de lancement d’un projet de
trente jours et recevant un WBS avec 340 lots de travail.
ERREUR #2 : Prétendre en savoir davantage que ce que vous savez en réalité
Pour la plupart, les chefs de projet possèdent aujourd’hui une
compréhension de la technologie plutôt qu’une maîtrise de la
technologie, cependant ils persistent à essayer de prendre des décisions
techniques sur le projet. Cela entraine souvent les supérieurs
hiérarchiques à leur montrer qui est le patron.
La taille et la complexité de projets actuels devraient mettre en
évidence pour les chefs de projet qu’ils doivent compter lourdement sur
les experts assignés et leaders fonctionnels pour la direction technique
et le support. Sur quelques projets, comme dans la R&D, les
attributions de chef de projet peuvent être dictées selon un pré-requis
de maîtrise technique plutôt qu’une simple compréhension, mais c’est
l’exception plutôt que la règle. Les bons chefs de projet connaissent
leurs limitations et n’essayent jamais de dicter une solution sans
prendre conseil avec les vrais experts.
ERREUR #3 : Préparation d’un planning ambitieux
Au
plus le chef de projet est inexpérimenté, au plus optimiste il ou elle
sera en préparant la référence de base du planning. Bien qu’il soit
agréable d’avoir des calendriers ambitieux, ils sont souvent peu
réalistes et peuvent empirer les choses. On ne dit jamais aux clients
que le planning est ambitieux et donc ils peuvent penser qu’il est
réaliste. Les clients se concentrent alors sur les dates des jalons et
maintenant, quand les jalons glissent de l’ambition vers la réalité,
vous avez un client malheureux qui se demande quelles seront les
prochaines mauvaises surprises.
Un autre facteur à considérer est l’impact sur les évaluations
fonctionnelles. Des plannings ambitieux peuvent exiger que des membres
de l’équipe exécutent à un niveau plus élevé sur la courbe
d’apprentissage changeant ainsi les standards fonctionnels. Les managers
fonctionnels peuvent ne pas vouloir changer leurs évaluations et
standards. De plus, des plannings ambitieux peuvent exiger que les
meilleurs employés fonctionnels de la société soient assignés au projet
et cela peut être peu réaliste.
ERREUR #4 : « Surdépendance » sur des Processus Répétables
Les sociétés peuvent passer des années à une méthodologie de
management de projet d’entreprise (EPM). L’intention étant que la
méthodologie sera utilisée sur tous les projets pour tous les clients et
du début à la fin. Même si l’intention a ses mérites, les méthodologies
EPM ne prennent pas en compte chaque problème possible qui peut se
produire sur chaque projet. Avoir une confiance aveugle dans l’attente
que ces processus répétables résoudront vos problèmes est une erreur.
Les processus répétables apparaissent sous forme de directives, de
formulaires, de modèles et de listes de contrôle. Les processus
répétables ne sont pas un substitut ou un remplaçant de l’attention du
management, de la prise de décision efficace, ni de la résolution de
problèmes. Ce sont simplement des outils à utiliser par le chef de
projet et comme nous le savons tous, les projets sont managés par des
personnes plutôt que des outils.
ERREUR #5 : Ignorer les Problèmes
Tous les projets ont des problèmes. Les chefs de projet
inexpérimentés croient qu’un temps suffisant existe pour résoudre ces
problèmes seulement pour découvrir que les coûts afin de corriger ces
problèmes plus tard dans le cycle de vie de projet seront
significativement plus chers que de faire les réparations en début de
projet.
Les chefs de projet ne peuvent pas être sélectifs sur quels problèmes
résoudre. Tous les problèmes de projet doivent être attaqués et le plus
tôt sera le mieux. Il est vrai que les chefs de projet ne peuvent pas
être toujours capables de résoudre les problèmes eux-mêmes. Ils
devraient au moins savoir vers quels experts doivent diriger les
questions.
ERREUR #6 : Échec à Partager la Responsabilité avec les Managers Fonctionnels
Dans les premiers temps du management de projet, les chefs de projet
possédaient une maîtrise technique. Pendant la dotation en personnel
d’activités, les chefs de projet négociaient des ressources spécifiques
qui étaient alors placées sous la direction technique du chef de projet
plutôt que du manager fonctionnel. Le manager fonctionnel conservait
seulement le contrôle administratif des ressources. Aujourd’hui, les
chefs de projet ont juste une compréhension de la technique et sont donc
en discussions avec les managers fonctionnels sur les livrables plutôt
que sur les personnes.
En négociant sur les livrables, les ressources fonctionnelles restent
toujours dans la supervision et le contrôle directs du manager
fonctionnel. Dans ce scénario, les managers fonctionnels doivent être
enclins à partager la responsabilité du succès avec le chef de projet.
Des chefs de projet inexpérimentés croient qu’ils portent seuls la
responsabilité du succès du projet. C’est une erreur pour le chef de
projet de ne pas partager cette responsabilité avec les managers
fonctionnels. Parfois, le support exécutif est nécessaire pour mettre en
application cette responsabilité partagée parce que cela pourrait ne
pas faire partie de la culture d’entreprise.
ERREUR #7 : Placage à l’or fin des Livrables
La plupart des chefs de projet veulent satisfaire le client.
Cependant, il y a des limites que le chef de projet ne devrait pas
dépasser. Le « placage à l’or fin » des livrables après que le contenu
ait été accepté peut s’avérer très coûteux. De plus, le client pourrait
être tenté de croire qu’il peut obtenir ces "suppléments plaqués or"
gratuitement sur de futurs projets car la nouvelle norme est établie.
ERREUR #8 : Échec à Comprendre Ce que Parties prenantes et Sponsors Veulent Entendre
Un des pré-requis pour passer le l’examen PMP® est une compréhension
du management des Coûts et plus spécifiquement, les formules attribuées
à la mesure de valeur acquise. Bien qu’il y ait évidemment du mérite à
cela, la mesure de la valeur acquise est seulement une partie de ce que
les parties prenantes et des sponsors veulent entendre. Il est impératif
que, dans le management des parties prenantes, les chefs de projet
interviewent celles-ci pour savoir quelles informations elles
considèrent comme importantes.
Chaque partie prenante peut vouloir un jeu différent de mesures de
suivi ou d’indicateurs de performance (KPI). Le chef de projet peut
alors trouver nécessaire de développer un tableau de bord de performance
différent pour chaque partie prenante. Cela pourrait générer des
surcroîts de coût significatifs si non planifiés dans le budget.
ERREUR #9 : non compréhension pleine et entière des besoins
Plus le chef de projet est inexpérimenté, plus grande est la
probabilité qu’il/elle utilisera son interprétation des besoins plutôt
que de consulter les experts du sujet. Cela peut mener à une erreur de
sélection dans l’approche technique et des changements onéreux lors des
étapes ultérieures du projet.
Il y a des problèmes sous-jacents qui peuvent générer ce problème, le
plus répandu étant le moment choisi pour embarquer le chef de projet.
La 4ème édition du PMBOK® parle de la compréhension des besoins des
parties prenantes. Souvent, le chef de projet n’ pas une interface
directe avec parties prenantes au départ. Ce sont plutôt les ventes et
le marketing qui préparent une réponse à appel d’offres. Le chef de
projet hérite alors des besoins et peut ne pas être entièrement
conscient des suppositions faites lors de la préparation de la
proposition.
ERREUR #10 : Refus de Demander de l’Aide
Une des erreurs les plus communes faites par les chefs de projet
inexpérimentés est de croire que demander de l’aide les fera paraître
incompétents aux yeux de leurs pairs et du management. Rien ne pourrait
être plus éloigné de la vérité. Les bons chefs de projet connaissent
leurs limitations et recherchent toujours de l’aide le plus tôt
possible.
Le refus de rechercher l’aide peut aboutir aux dérapages de planning
et dépassements de coûts. Si le chef de projet attend trop longtemps
avant de rechercher de l’assistance, le nombre d’options pour corriger
le problème peut diminuer. Les sponsors devraient encourager des chefs
de projet à demander de l’aide le plus tôt possible, mais il ne faut pas
s’attendre à ce que le sponsor soit le dépotoir pour tous les problèmes
que le chef de projet ne peut pas résoudre.
ERREUR #11 : Ignorer un Problème
Ignorer des problèmes est semblable à l’erreur précédente du non
désir de demander de l’aide. Cependant, ignorer un problème pourrait
aussi signifier que le chef de projet pourrait résoudre le problème,
mais refuse d’attaquer le problème dès qu’il se présente.
Les problèmes ne s’en vont pas. Au lieu de cela, ils grossissent en
taille, les occasions de résolution opportune diminuent et les risques
peuvent augmenter significativement. Savoir qu’il y a un problème et ne
pas l’adresser peut être considérer comme “un baiser de la mort” par le
sponsor au point que le projet peut être arrêté.
ERREUR #12 : Croire aux Sauveurs et aux Miracles
Peut-être la raison la plus commune d’échouer à demander l’aide ou
ignorer un problème consiste en ce que le chef de projet cherche un
sauveur ou un miracle pour résoudre le problème. Tandis que les miracles
peuvent arriver, comme une percée technique rapide, les chances que
cela se produise sont très très faibles.
Les chefs de projet doivent se développer au début du projet, une
stratégie pour traiter les problèmes. L’espoir n’est pas une stratégie.
C’est plutôt une mauvaise raison d’éviter d’adresser un problème.
ERREUR #13 : Promettre des Récompenses
Les chefs de projet inexpérimentés font souvent des promesses de
récompense sachant parfaitement qu’ils n’ont pratiquement aucune
responsabilité dans les salaires et compensations. Cependant, ils
croient que c’est une façon efficace de motiver l’équipe. Les chefs de
projet ne sont pas en mesure de faire des promesses de promotion, heures
supplémentaires (rémunérées), bonus, missions de travail futures et
autres sujets similaires, mais persistent à le faire.
Les membres expérimentés de l’équipe savent ce que les chefs de
projet peuvent ou pas promettre et accomplir. Le résultat est une équipe
démoralisée qui a peu de foi dans le chef de projet et ne lui font pas
confiance. Les membres de l’équipe peuvent aussi éviter de travailler
pour ce chef de projet à l’avenir.
ERREUR #14 : Échec à Voir les Dépendances entre Projets
Les chefs de projet inexpérimentés sont souvent si amoureux de leur
projet qu’ils n’arrivent pas à voir autre chose autour d’eux. Le
résultat est qu’ils finissent par prendre des décisions seulement pour
ce qui est dans le meilleur intérêt de leur projet tandis que cette même
décision peut ne pas être dans le meilleur intérêt de la société dans
son ensemble.
Les chefs de projet doivent être enclins à prendre des décisions
business/société plutôt que des décisions uniquement de projet et cela
exige une bonne compréhension des dépendances entre les projets et
l’activité en cours. Se battre pour avoir les meilleures ressources de
la société peut ne pas être une bonne décision pour la société si votre
projet a une priorité très faible en rapport d’autres projets.
ERREUR #15 : Ne pas dire pas au Client qu’ils ont tort
Croire que le client a toujours raison n’est pas nécessairement
correct dans le management de projet. Bien que les chefs de projet
veuillent satisfaire les clients, ils doivent être enclins à dire,
“votre décision ou idée est incorrecte.” C’est particulièrement vrai
quand les clients font des demandes de changement ou changer la
direction du projet sans entièrement en comprendre les ramifications.
Quelques personnes pensent que le mot le plus important dans le
vocabulaire du chef de projet est "Non".
ERREUR #16 : Montrer à tous qui est le Patron
Certains
chefs de projet se voient comme "présidents" du projet. Même si ce
n’est pas nécessairement mauvais, les chefs de projet peuvent devoir se
rendre compte que c’est seulement dans le titre et que celui-ci peut
venir avec une très faible autorité réelle. Le management de projet est
souvent décrit comme un leadership sans autorité.
Les chefs de projet qui essayent de montrer qu’ils « sont en charge »
peuvent s’aliéner des membres de l’équipe, particulièrement les membres
de l’équipe qui comprennent vraiment le management de projet. Parfois,
les membres de l’équipe laisseront le chef de projet croire qu’il/elle
est responsable et utiliseront ensuite le PM comme endroit où déposer
toute décision sachant que le PM pourrait prendre la mauvaise décision.
ERREUR #17 : Échec de Parvenir à connaître Votre Équipe
Les personnes qui travaillent dans des équipes de projet,
particulièrement dans une structure matricielle, savent qu’ils ont une
maison dans leur secteur fonctionnel à la fin du projet. Les chefs de
projet le savent aussi et pourraient donc faire l’erreur de penser que
d’apprendre à connaître l’équipe est inutile puisqu’ils pourraient ne
plus jamais interagir avec les équipes après que le projet soit achevé.
Le management de projet est un effort d’équipe. Si le PM échoue à
parvenir à connaître l’équipe, les membres de l’équipe ne peuvent pas se
sentir comme faisant partie de l’équipe. Connaître l’équipe peut
favoriser de meilleures communications, la coopération, la collaboration
et la confiance. Et si vous ne croyez pas que, c’est important, essayez
de manager “un projet en difficulté” et voyez ce qui arrive si vous ne
connaissez pas votre équipe.
ERREUR #18 : Échec à Isoler l’Équipe de la Politique
On ne devrait pas permettre à des facteurs exogène d’entreprise,
particulièrement la politique, d’avoir un impact sur la performance
journalière de l’équipe. Le chef de projet et le sponsor de projet
doivent isoler l’équipe de la politique et autres facteurs similaires.
La politique peut amener des membres de l’équipe à perdre leur sens
de la direction du le projet et la performance peut en souffrir. Aussi,
les membres de l’équipe qui ne sont pas politiquement avertis peuvent
être entrainés dans des secteurs dont ils ont une connaissance limitée
et empirer les choses.
ERREUR #19 : Ne pas Dire "Non"
Le mot "Non" pourrait très bien être le mot le plus important dans le
vocabulaire du chef de projet. Cela s’applique aux transactions tant
avec le client qu’avec l’équipe. Après le feu vert au projet, les
clients essayent souvent de faire accepter des modifications sans coûts
additionnels avec l’excuse de garder le client satisfait. Cela peut
mener à des conséquences désastreuses.
Une autre raison de dire non est quand les membres de l’équipe se
plaignent qu’ils soient surmenés et essayent de faire faire leur travail
au PM. Même s’il est vrai que les chefs de projet sont autant managers
qu’hommes d’action, les chefs de projet doivent connaître leurs propres
limitations.
ERREUR #20 : Ne pas Choisir les bonnes batailles
Pour être bon à la guerre, il faut savoir quand attaquer, quand
défendre et quand reculer, afin de se battre de nouveau. Les chefs de
projet inexpérimentés ont tendance à manquer de discernement sur quand
se battre et quand renoncer. Au lieu de cela, ils entrent souvent dans
les batailles qui ne sont pas les leurs ou ne devrait pas entrer du
tout. Les chefs de projet doivent savoir quel champ de bataille est le
bon pour eux.
Évidemment, cette liste n’est pas exhaustive. Néanmoins, elle fournit
quelques conseils sur le type de problèmes que les chefs de projet
doivent comprendre. Ces erreurs peuvent être corrigées et peuvent
économiser un temps et argent significatifs.
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