L'OPA de
le 31.07.2013 Par Denis Cosnard
Voir aussi :
http://bollonjeanmarc.blogspot.fr/2013/09/schneider-post-01
http://bollonjeanmarc.blogspot.fr/2013/09/schneider-post-02
Poids lourd de la filière électrique, Schneider a
annoncé, mercredi 31 juillet, une offre publique d'achat (OPA) amicale
sur Invensys, un fabricant britannique d'automatismes et de logiciels
industriels, qui emploie 9 800 personnes. Montant de la transaction :
3,9 milliards d'euros.
"C'est une opération stratégique pour nous, une brique supplémentaire pour construire un groupe qui propose toujours davantage à ses clients", explique le PDG de Schneider, Jean-Pascal Tricoire.
L'initiative confirme un certain réveil des fusions en
Europe. En juillet, 358 opérations y ont été annoncées, pour un total de
70 milliards d'euros, selon Bloomberg. Le nombre de transactions n'a
rien d'exceptionnel, mais leur valeur totale marque, elle, un vrai
regain d'activité, déjà perceptible en juin. Depuis la crise de
2008-2009, la valeur des fusions-acquisitions touchant l'Europe stagnait plutôt entre 20 et 50 milliards de dollars (entre 15 et 37,6 milliards d'euros) par mois.
"DES SERVICES ET NON PLUS SEULEMENT DES PRODUITS"
Même si l'Europe n'est pas sortie du marasme, l'accalmie sur
le front des monnaies et la remontée des marchés boursiers donnent
visiblement des ailes à certains groupes en forme. C'est ce dont
témoignent le grand mariage conclu le 28 juillet entre Publicis et
l'américain Omnicom, de même que l'achat des verres Transitions annoncé
lundi par Essilor, qui ose ainsi la plus grande opération financière de
son histoire. Autre exemple, la reprise de l'opérateur de téléphone
allemand E-Plus par l'espagnol Telefonica, signée le 23 juillet pour 8,1
milliards d'euros.L'OPA de Schneider relève de la même logique. Des forges du
Creusot (Saône-et-Loire) au matériel électrique en passant par la
sidérurgie, l'histoire de ce groupe né en 1 836 a épousé les heurs et
malheurs de la France industrielle. Avec son lot de rapprochements
parfois mouvementés, comme pour Telemecanique."Ces dix dernières années, le groupe s'est profondément transformé grâce à des acquisitions, souligne Gaël de Bray, analyste à la Société générale. Pour accélérer sa croissance, il s'est mis à proposer
des services et non plus seulement des produits, et il s'est renforcé
dans les pays émergents. Il a aussi misé sur des métiers en essor, comme
l'efficacité énergétique." En plus de fournir du matériel pour produire ou utiliser l'électricité, le groupe vend désormais des solutions pour en économiser.Mais "tous ces investissements ont pesé sur les marges et la rentabilité",
ajoute M. de Bray. Depuis deux ans, les dirigeants de Schneider avaient
donc mis la pédale douce sur les acquisitions, préférant intégrer les sociétés déjà reprises. Et faire remonter
les marges malgré la crise en Europe. Ce travail n'est pas achevé. M.
Tricoire et son conseil ont cependant jugé qu'une OPA sur Invensys était
jouable. Et qu'il ne fallait pas rater le coche.
UN PRIX JUGÉ ÉLEVÉ
Ces dernières années, plusieurs groupes comme l'américain Emerson Electric s'étaient intéressés à cette ancienne vedette de la Bourse de Londres. Mais le déficit de son plan de retraite et la diversité de ses activités avaient refroidi leurs ardeurs.Tout a changé en début d'année, quand Invensys a vendu sa
branche ferroviaire à Siemens, comblant du même coup son déficit en
matière de retraites. "Cette cession a considérablement clarifié la vocation d'Invensys", note M. Tricoire. Sans tarder, "nous avons alors pris contact avec ses dirigeants." Au terme des discussions, Schneider a accepté de payer un prix jugé plutôt élevé sans être déraisonnable : 502 pence par action. Soit 14 % de plus que le cours d'Invensys à la Bourse de Londres avant l'annonce des discussions, et 27 % de mieux que la moyenne des trois mois précédents.C'est un peu moins que la proposition de 505 pence par
action sur la table il y a quelques semaines. Mais la part payée en
numéraire, elle, a été portée à 74 %. Le reste sera versé sous formes
d'actions Schneider. Le groupe devra lancer pour l'occasion une augmentation de capital de 1 milliard d'euros. La hausse de l'endettement risque de faire un peu tousser les agences de notation. Mais Schneider se dit prêt à accepter que sa note baisse temporairement d'un cran.Car si l'intégration d'Invensys n'augmente que d'environ 8 % le chiffre d'affaires de Schneider, elle doit lui permettre de se renforcer très nettement dans les automatismes industriels, un de ses marchés clés, dominé par Siemens. L'OPA doit aussi ouvrir
au groupe français les portes de certaines compagnies pétrolières et
gazières, alors que ses clients traditionnels se trouvent plutôt dans la
construction, la mécanique, etc.Par ailleurs, Schneider devrait pouvoir améliorer les marges d'Invensys qui sont inférieures aux siennes, profiter d'effets de taille, et réaliser d'importantes économies d'impôts. "Au total, le retour sur investissement sera rapide", de l'ordre de trois ans, promet M. Tricoire. La Bourse veut le croire : mercredi matin, l'action Schneider montait de 3 %. Elle s'est appréciée de 30 % en un an.
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